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La situation au Proche-Orient complique les relations diplomatiques d'Israël avec la Colombie et le Brésil

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Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi 1er mai la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Si l'Amérique latine est une région particulièrement en faveur de la cause palestinienne, tous les pays ne sont pas prêts à en faire autant. Au Brésil, Lula avait fortement critiqué Israël, comparant, le 18 février, la situation à un "génocide". Mais depuis, le Brésil semble vouloir apaiser les tensions entre les deux pays.

Colombie : "Le pays suspend tout achat d'armes à Israël"

En Colombie, premier président de gauche dans l'histoire du pays, Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des relations diplomatiques avec Israël. Une mesure inédite pour un pays historiquement lié à Israël. Tout a commencé avec le rappel de l'ambassadrice de Colombie en Israël, dès le début des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza. Ensuite, la Colombie s'est jointe à 52 autres États pour présenter la requête introduite par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice accusant Israël de violer la Convention sur le génocide de 1948.

Les choses se sont envenimées à partir du 29 février, lorsque le président Gustavo Petro a ordonné de suspendre l'achat d'armes à Israël. "En demandant de la nourriture, plus de 100 Palestiniens ont été tués par Nétanyahou. Cela s'appelle un génocide et rappelle l'Holocauste, les puissances mondiales n'aiment pas le reconnaître. Le monde doit bloquer Nétanyahou. La Colombie suspend tout achat d'armes à Israël", a alors publié le chef de l'État sur son profil du réseau social X.

Ce n'est donc pas la première fois que Gustavo Petro utilise le terme de "génocide". Ce qui a forcément tendu les relations entre la Colombie et Israël. D'autant plus depuis le 1er mai, puisque Gustavo Petro a utilisé les mêmes termes pour annoncer la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a réagi à l'annonce de Gustavo Petro, lui aussi sur son profil du réseau social X : "Le président colombien a promis de récompenser les assassins et les violeurs du Hamas, et il a tenu sa promesse aujourd'hui".

Cette rupture de relations diplomatiques pourrait changer les choses à court terme, notamment d'un point de vue sécuritaire pour la Colombie. Car Israël est l'un des principaux fournisseurs d'armes et de systèmes de défense. La Colombie et Israël sont des partenaires en armement depuis plus de quatre décennies. Israël fournit à la Colombie divers types d'arsenaux, de logiciels, d'avions, de télécommunications, de pièces de rechange et de formation pour la marine, l'armée de terre et la police. De nombreux anciens ministres et experts ont exhorté le président à revenir sur sa décision. Mais pour l'instant, rien n'a changé.

Brésil : l'escalade diplomatique s'arrête

Après Jair Bolsonaro, soutien inconditionnel d'Israël, le retour au pouvoir de Lula en octobre 2022, traditionnellement en faveur de la cause palestinienne, n'a pas été très bien vu par le gouvernement Netanyahou. Partisan de la solution à deux États, le Brésil a par le passé reconnu la souveraineté de l'État palestinien. Si Lula dénonce l'attaque terroriste du 7 octobre sans ambiguïté, ses déclarations lors du sommet de l'Union Africaine fin février, initie une crise profonde.

"Ce qu'il se passe dans la bande de Gaza, ce n'est pas une guerre, c'est un génocide", avait alors déclaré Lula, ajoutant que "ce qu'il se passe dans la bande de Gaza avec le peuple palestinien ne s'est produit à aucun autre moment de l'histoire. En fait, cela s'est déjà produit : lorsque Hitler a décidé de tuer les Juifs". L'exécutif israélien réagit fortement, le président brésilien est déclaré "persona non grata" et les ambassadeurs respectifs sont convoqués. Mais l'escalade diplomatique s'arrête là et, sans retour à la normale, la situation se stabilise.

Israël n'est pas un partenaire commercial essentiel pour le Brésil, sont ici en jeu des questions plutôt internes et diplomatiques. Lula espérait, avec son discours, mobiliser sa base la plus à gauche, déconcertée par certaines décisions prises sous la pression d'un Congrès très à droite. Il espérait aussi renforcer sa position auprès des pays du sud global.

Mais Lula, adepte de l'improvisation, est peut-être allé plus loin que prévu, et ne semble pas vouloir doubler la mise. D'abord, pour ne pas se mettre totalement à dos l'électorat évangélique, très sensible sur la question israélienne. Mais aussi parce que la tradition diplomatique brésilienne célèbre sa capacité à communiquer avec le monde entier. Rompre avec Israël pourrait entraîner des réactions épidermiques, à un moment où Lula veut se présenter comme un médiateur sur la scène internationale. Pour ça, il compte, entre autres, sur l'organisation en novembre du G20 à Rio de Janeiro, et ne devrait donc pas prendre de décision aussi clivante sur un sujet aussi délicat.

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