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« Le mois de mai, c'est de la stratégie et il faut tirer le premier » : les ingénieurs des « grands ponts » du printemps

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Chronique

Guillemette Faure

Profiter pleinement des longs week-ends de mai nécessite un certain savoir-faire : réserver ses billets longtemps à l'avance, décaler ses rendez-vous, poser habilement ses jours de télétravail…

Publié le 04 mai 2024 à 05h30 Temps de Lecture 2 min. Read in English

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Dans d'autres contrées, on appelle cela des « vacances ». Chez nous, on dit « grands ponts ». Leurs adeptes s'y réfèrent pour expliquer ne pas être disponibles entre le 26 avril et le 13 mai : « Je fais un grand pont. » Un peu comme une éclipse de Soleil ou le passage de la comète de Halley, le grand pont, pour se produire, réclame la réalisation concomitante de plusieurs conditions : une société de services, un mois de mai dont les jours fériés ne tombent pas le week-end et une acceptation sociale du télétravail.

A quoi on les reconnaît

Les adeptes du grand pont ont établi leur stratégie en janvier, réservé leurs billets en février. Depuis la mi-avril, s'ils sont interrogés sur tout nouveau projet, ils répondent : « On verra ça en septembre. » Ils font sécher les cours à leurs enfants en disant : « Je n'avais pas vu qu'ils avaient cours le mardi. »

Ils se sont convaincus qu'ils n'avaient pas le choix, que, de toute façon, tout le monde serait absent et qu'ils ne faisaient que s'adapter. Ils ont annulé tout ce qui leur déplaisait dans leur agenda pour les deux mois à venir en disant : « Avec les ponts, ça ne va pas être pratique. » Ils se plaignent d'avoir « trois trucs par soir en ce moment », à cause de tout ce qui ne peut pas avoir lieu pendant les ponts et les vacances. Ils sont aussi attachés à la Pentecôte et à l'Ascension qu'à la laïcité.

Quand ils disent : « Je serai en télétravail mais pas joignable », ça signifie qu'ils seront dans le TGV. Ils se sont tellement convaincus que le monde entier s'arrêtait qu'ils se demandent sincèrement si les supermarchés seront ouverts et sont surpris chaque année qu'ils le soient. Ils ont l'impression de dépanner le service RH de leur entreprise (« Entre les RTT et les vacances à solder, j'avais pas trop le choix… »). Dans le message d'absence de leur e-mail d'entreprise, ils disent qu'ils seront « de retour » tel jour, mais ne précisent pas quand ils se sont éloignés. Même s'ils s'absentent dix jours, ils préfèrent dire « grand pont » que « vacances ».

Comment ils parlent

« Mai is the new juillet. » « Paris, ça va être le désert. Ça ne sert à rien d'être là ! » « En mai, fais ce qu'il te plaît… Et cette fois, vraiment ! » « En fait, en mettant les jours bout à bout, je vais bosser deux semaines d'ici aux vacances. » « On se revoit le 21 mai ? » « Le mois de mai, c'est de la stratégie et il faut tirer le premier. » « Y a le Wi-Fi, là-bas, je pourrai travailler. » « Mais ne t'inquiète pas, y aura personne à l'école… » « Impossible, j'ai déjà pris les billets… » « Si on ajoute un peu de télétravail, c'est parfait. » « Je ne m'attendais pas non plus à avoir des rendez-vous le 10 mai… » « J'hésitais à poser des jours de congé, mais je vais me mettre en télétravail… » « C'est moi qui suis en préretraite sans m'en rendre compte, ou plus personne n'a envie de travailler ? » « C'est un entraînement à l'arrêt total des JO. » « Je vais poser une semaine à Noël. »

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