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Vaisseau spatial «Starliner» : le vol de Boeing pour l'ISS encore retardé

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L'entreprise américaine, quatre ans après son concurrent SpaceX, devait emmener un équipage de la Nasa vers la Station spatiale internationale pour la première fois, dans la nuit de lundi 6 à mardi 7 mai. Le décollage a été reporté pour des raisons techniques.

«Ça paraît presque irréel», a déclaré l'astronaute américaine Sunita Williams en conférence de presse. On la croit sans peine : après des années d'attente, le vaisseau spatial Starliner de Boeing est enfin prêt à accueillir un équipage sur ses sièges flambant neufs pour les amener jusqu'à la station spatiale internationale (ISS). Il devait décoller lundi 6 mai - enfin, mardi à 4h34 à l'heure de Paris - depuis la base de Cap Canaveral en Floride, avec deux astronautes vétérans à son bord : Sunita Williams, donc, et Barry Wilmore, tous deux ravis de renouer avec leur job historique de pilote d'essai. Raté. Une anomalie identifiée sur une valve de la fusée Atlas V qui doit propulser la capsule Starliner en orbite, a conduit à l'annulation du vol. «L'équipage n'a jamais été en danger», a précisé Tory Bruno, le patron du constructeur du lanceur, le groupe United Launch Alliance (ULA).

Encore un retard pour le projet de ce Starliner qui remonte aux années 2000. Alors que la navette spatiale américaine qui effectuait les rotations d'astronautes sur l'ISS court vers sa retraite, la Nasa cherche à la remplacer. Un appel d'offres est lancé, auquel répondent plusieurs acteurs de l'industrie astronautique. Les projets de vaisseaux spatiaux les plus sérieux sont sélectionnés et financés, dont celui de Blue Origin, la société du milliardaire Jeff Bezos, de Sierra Nevada Corporation, de Boeing (qui a reçu 4,2 milliards de dollars) et de SpaceX (2,6 milliards de dollars). Le développement de ces projets se poursuit alors que la navette américaine finit par être vraiment rangée au hangar en 2011, et dans cette période intermédiaire, pas très confortable, les Etats-Unis doivent compter sur leur coopération avec les Russes pour assurer les relèves de l'ISS. Tous les astronautes américains et leurs partenaires (Européens, Canadiens, Japonais…) doivent acheter leur billet pour monter dans une capsule Soyouz à Baïkonour (Kazakhstan) s'ils veulent continuer à voyager en orbite terrestre. La pression monte autour de SpaceX et Boeing, seuls finalistes encore en lice, pour finir leur vaisseau et redonner enfin aux Etats-Unis leur indépendance d'accès à l'espace.

Ultimes corrections

C'est finalement SpaceX qui a fini son vaisseau en premier. En mai 2020, la société privée d'Elon Musk a embarqué deux astronautes vers l'ISS à bord de son «Crew Dragon» et la Nasa s'est mise à utiliser quasi exclusivement ce vaisseau pour les rotations de ses astronautes. Mais on attendait toujours le concurrent de Boeing, censé apporter de la redondance et donc de la sécurité aux voyages spatiaux américains.

Starliner a déjà décollé à deux reprises pour des vols de test sans équipage. La première fois, en 2019, ne s'était pas passée comme prévu. Un problème d'horloge interne a empêché l'allumage des moteurs du vaisseau, et il a fallu des mois pour réparer cette fragilité et tout vérifier avant de remettre Starliner sur son pas de tir en 2021. Mais il n'a même pas essayé de rejoindre le ciel cette fois-là : on a détecté un problème de valves sur les réservoirs de carburant peu avant le lancement, et Starliner est retourné à l'usine. En 2022, enfin, la capsule de Boeing a réussi à emporter du fret sur l'ISS avec un vol presque sans faute. D'ultimes corrections ont été apportées au vaisseau et le voici prêt, quatre ans après le concurrent SpaceX, à accueillir des astronautes.

Pilotes d'essai

Sunita Williams et Barry Wilmore en sont tous deux à leur troisième voyage en apesanteur. La première a déjà séjourné dans la station spatiale en 2007 puis en 2012, battant à l'époque les records féminins du plus grand nombre de sorties dans l'espace, du temps le plus long passé en sortie, et de la plus longue sortie extra-véhiculaire… Barry Wilmore, lui, a rendu visite à l'ISS en 2009 puis y a vécu six mois entre 2014 et 2015. Mais c'est surtout pour leur expérience de pilotes d'essai au sein de l'armée américaine, au début de leur carrière, qu'ils ont été choisis pour inaugurer Starliner. «C'est la raison pour laquelle on est ici», confirme Barry Wilmore au site spécialisé Space.com. En conférence de presse, il avouait qu'il y a quelques décennies, alors qu'on lui confiait les manettes d'aéronefs expérimentaux, «aucun de nous deux n'aurait rêvé un jour effectuer le premier vol d'un vaisseau spatial flambant neuf». Le vol ne sera pas reprogrammé avant le vendredi 10 mai, au plus tôt.

Mise à jour le 7 mai avec le report du décollage.

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