< Back to 68k.news FR front page

Jusqu'où va la science ? - Pourquoi la sonde spatiale chinoise Chang'e 6 est partie explorer la face cachée de la Lune

Original source (on modern site) | Article images: [1]

Lancement réussi pour la sonde spatiale chinoise Chang'e 6, qui a décollé le 3 mai en direction de la face cachée de la Lune. Pourquoi explorer ce versant lunaire qui nous est invisible depuis la Terre ? Et comment ? Éléments de réponse.

La nouvelle mission Chang'e 6, du nom de la déesse chinoise de la lune Chang'e, va rapporter des échantillons de roches provenant de la face cachée de la lune, une première dans l'histoire de l'humanité. Une terra ou plutôt une luna incognita puisque seule la Chine a réussi à y poser un Rover en 2018 avec la mission automatique Chang'e 4, qui continue de fournir des informations sur ce versant invisible depuis la Terre et encore totalement inexploré.

Le lieu choisi par les Chinois sur cette face cachée de la Lune n'a évidemment pas été fait au hasard. C'est sur le vestige d'un gigantesque cratère situé dans l'hémisphère sud de la Lune qui recèle un potentiel réservoir de roches provenant des profondeurs du manteau lunaire, d'où l'intérêt de prélever ces échantillons rocheux là, et ensuite de les ramener sur Terre pour analyse.

Car la Chine fait partie du cercle très fermé des puissances spatiales capables de rapporter des échantillons lunaires sur Terre, avec les États-Unis lors des missions Apollo et la Russie soviétique avec la mission Luna. La Chine a déjà rapporté 1 731 grammes de roches lunaires avec la mission Chang'e 5 en 2020, et s'apprête à réitérer cet exploit sur la face cachée de la Lune donc, un versant que l'astronaute William Anders, le premier humain à l'avoir observé, lors de la mission Apollo 8 en 1968, décrivait ainsi : « L'autre face (de la Lune) ressemble à un tas de sable avec lequel mes enfants ont joué autrefois. »

Un bac à sable lunaire dont les scientifiques rêvent de percer les secrets. Mais encore faut-il parvenir à les prélever et surtout à les rapporter sur Terre grâce aux instruments sophistiqués embarqués dans le module d'atterrissage de Chang'e 6.

À lire aussiMission lunaire de la sonde chinoise Chang' e-6 : à son bord, DORN, le chercheur de radon

Vers une station internationale sur la Lune en 2030 ?

Comme toujours dans le spatial à plusieurs, on va plus loin, c'est en collaboration avec d'autres acteurs internationaux, à commencer le Cnes et l'Institut de recherche en astrophysique et en planétologie de Toulouse, qui ont conçu le détecteur de radon Dorn (pour tracer la présence d'eau et d'uranium sur la Lune). Ce sera d'ailleurs la première fois qu'un instrument français se retrouvera sur la Lune. La sonde chinoise embarque aussi un cube de nano-satellites pakistanais, un détecteur d'ion suédois et un réflecteur laser italien.

Une fois posé sur le sol lunaire après un séjour en orbite, il s'agira très rapidement, en 48 heures, de réaliser un forage sous-terrain pour prélever, encore une première, une carotte de roche lunaire à 2 mètres de profondeur, cette capsule d'échantillon prélevé rejoindra ensuite le module orbital qui la transférera sur Terre pour analyse dès la fin juin. Ce qui permettrait aussi de mieux connaître le terrain dans l'objectif d'installer une base, le retour sur la Lune est en effet dans tous les esprits et en préparation par les agences spatiales internationales.

Une station de recherche internationale au pôle Sud de la Lune devrait théoriquement voir le jour en 2030 et l'agence spatiale chinoise est très impliquée dans cette future base lunaire. C'est dans cette optique qu'une centaine de scientifiques chinois viennent de réaliser l'atlas géologique le plus complet de la lune à ce jour, c'est la prestigieuse revue scientifique Nature qui nous l'apprend ; en compilant les relevés géologiques réalisés par toutes les missions lunaires depuis Apollo jusqu'à Chang'e, ce nouvel atlas lunaire en chinois et en anglais, qui a nécessité plus de dix ans de travail, vient d'être intégré à la plateforme Digital Moon et devrait être consultable, bientôt, par toute la communauté scientifique internationale qui a encore les pieds sur terre, mais la tête déjà dans la lune, même jusque sur sa face cachée.

< Back to 68k.news FR front page