Polémique dans les écoles. Plusieurs milliers de pièces "olympiques" ont été rendues dans le Tarn

Par Fabien Hisbacq Publié le 24 Avr 24 à 17:12  

Ils l'avaient annoncé, ils l'ont fait. Des directeurs et directrices d'écoles du Tarn ont rendu mercredi 24 avril 2024 les pièces de 2 euros commémoratives des JO de Paris qui devaient être distribuées aux élèves. 

La polémique était née il y a quelques semaines déjà. Les écoles élémentaires de toute la France commençaient à recevoir des colis un peu spéciaux. Des colis destinés à tous les élèves du CP au CM2 (soit 4 millions d'enfants). Ils contiennent, outre une pièce de 2 euros avec une Tour Eiffel en train de courir au dessus du logo des Jeux Olympiques de Paris 2024, un livret de quatre pages, avec les discours du Président Emmanuel Macron et du Premier ministre Gabriel Attal, et même d'Amélie Oudéa-Castéra, qui était encore ministre de l'Education au moment de les imprimer. Le but ? Fédérer la jeunesse autour du rêve olympique. Le coût : 16 millions d'euros.

Un petit mur de cartons

Dans le Tarn, environ 22 000 écoliers sont concernés. Pour plus de 40 000 euros donc, en petite monnaie. Avant même de recevoir les colis, certaines écoles avaient dit leur incompréhension, voire leur colère, face à ce cadeau empoisonné.

D'où l'action organisée notamment à l'appel de la FSU. Dans la matinée du mercredi 24 avril 2024, des directeurs d'écoles sont venus rendre les cartons, sans les ouvrir, à l'Inspection de l'Education nationale de Castres et Mazamet. L'après-midi, c'était autour des écoles de l'Albigeois et du nord du département de faire pareil à la Direction des services départementaux de l'Education nationale à Albi.

Plusieurs milliers d'euros

Le matin, l'intégralité des écoles castraises ont participé à ce mouvement de protestation en plus de quelques établissements du sud du Tarn. L'après-midi, plusieurs dizaines de cartons non ouverts ont été apportés à Albi. 39 en tout, contenant pour la plupart entre 40 et 50 pièces chacun. Ce sont donc plusieurs milliers de pièces, et le double en euros, qui ont été « rendues » au ministère de l'Education nationale dans le Tarn. 

De quoi faire « un petit mur de colis ». Symbolique. Mais pas que. Certains s'inquiétaient d'être accusés de vol s'ils ne distribuaient pas les pièces aux élèves. Il n'en sera rien. Les écoles ont fait signer à l'Académie des reçus pour être sûrs de leur réception. Et les parents qui le souhaiteraient peuvent toujours contacter l'Académie pour récupérer les 2 euros de leur enfant…

Des problèmes de sécurité, de morale et… de sous

Ce geste de l'Etat est resté en travers de la gorge de beaucoup. Et pour plusieurs raisons. Il y avait l'aspect sécuritaire. Rien n'était prévu pour stocker de l'argent dans les écoles et les enfants pouvaient ensuite être victimes de racket. L'aspect moral a aussi agacé. Les enseignants ont répété qu'ils n'étaient pas habilités à donner de l'argent aux élèves.

Enfin, il y avait l'aspect financier. « Avec ces 16 millions d'euros, ce sont 300 postes d'enseignants qui pourraient être créés ou sauvés », estime ainsi Bastien Alberty, co- secrétaire de la FSU SNUIPP 81. Une raison supplémentaire de ne pas « distribuer joyeusement cet argent aux élèves ».

« Nous refusons d'être le relais de la propagande gouvernementale », insiste Bastien Alberty, au moment où, justement, de nouvelles coupes sont annoncées dans les budget.

Tous les cartons ne sont peut-être pas encore arrivés

La majorité des écoles ont néanmoins fait le choix de suivre les directives gouvernementales et de distribuer l'argent aux élèves. Mais d'autres, qui n'ont peut-être pas encore reçu les cartons, pourraient également les rendre dans les prochaines semaines. Et certaines départements pourraient ainsi emboîter le pas du Tarn dans cette démarche insolite.

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