INVITÉ RTL - Phénomène des "supercentenaires" : un biologiste explique leur exceptionnelle longévité

Ils sont plus de 30.000 centenaires en France, et certains vont même au-delà des 110 ans : on les appelle les "supercentenaires". Un phénomène qui touche de plus en plus de personnes âgées. "La population vieillit, c'est-à-dire qu'on décède moins à un âge plus jeune, donc la longévité augmente. Plus vous avez de personnes qui vont dépasser 100 ans, plus vous avez une chance d'observer davantage de supercentenaires", observe le biologiste Bernard Sablonnière. 

Environnement, style de vie, prédispositions génétiques… De nombreux facteurs expliquent cette longévité exceptionnelle. "La génétique y contribue à peu près pour 25%, alors que l'environnement y contribue pour 75%", constate le professeur sur RTL.

"Il faut aussi considérer que les centenaires sont ce qu'on appelle des chanceux, à l'âge de 90 ans, 15% des gens n'ont jamais démarré une maladie liée à l'âge (...) Ils peuvent quasiment mourir en bonne santé."

Des lieux propices à la longévité ?

En Guadeloupe ou en Martinique, ces "supercentenaires" seraient même 8 fois plus nombreux. Et leur cas n'est pas isolé. Île de Loma Linda en Californie, l'île d'Ikaria en Grèce…  Certains endroits seraient plus propices à une longévité exceptionnelle. 

"Souvent, ce sont des îles montagneuses, assez isolées, où les gens ont une tradition alimentaire extrêmement saine, avec une vie sans pollution. La malbouffe américaine n'est pas arrivée dans ces régions. Ils font beaucoup de marche et d'exercice physique", explique le professeur. "Parfois, on peut observer aussi une certaine consanguinité qui va, si vous voulez, concentrer un certain nombre de facteurs génétiques qui leur permettent de résister mieux aux maladies liées à l'âge."

Cependant, Bernard Sablonnière le rappelle : l'alimentation reste un élément clé pour une vie longue et en bonne santé. Pas trop de sucre, pas trop de graisse, et beaucoup de fibre pour éviter les apparitions de maladies liées à l'âge, précise-t-il. 

Vivre heureux pour mourir vieux ?

Dans ces cas d'extrême longévité, le facteur psychologique est important. "Chez les personnes âgées qui prétendaient qu'elles ne se sentaient pas très heureuses dans leurs conditions de vie à 90 ans, 30% décédaient 10 ans après, contre 9%". Sur le plan biologique, aucun gène connu ne favorise une longévité accrue, rapporte le biologiste. 

En 2070, le nombre de centenaires pourrait atteindre les 200.000. Aujourd'hui, l'espérance de vie pour les femmes est de 85,8 ans contre 80 ans pour les hommes. Les petites filles nées en 2022 pourraient d'ailleurs espérer vivre jusqu'à 93 ans, et 90 pour les petits garçons.

"Il y a deux facteurs là-dedans. C'est la prévention, à 40-50 ans, avoir développé une bonne médecine de prévention pour essayer de limiter l'apparition de maladies liées à l'âge, on le voit avec les épidémies de diabète et d'obésité. Et le deuxième facteur, à un âge plus avancé, c'est comment prendre en charge la perte d'autonomie, ça fait beaucoup parler, évidemment, au niveau des conséquences sociétales actuellement en France", conclut Bernard Sablonnière. 

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