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Qu'est-ce que le casque réfrigéré, qui limite la perte de cheveux en chimio

Original source (on modern site)

Il a rassuré ses royaux sujets. Après trois mois d'absence due à son cancer, le roi Charles III a repris ses activités publiques cette semaine à Londres. Le souverain de 75 ans, toujours en traitement, avait symboliquement choisi de se rendre dans un centre spécialisé contre le cancer, avec la reine Camilla, 76 ans.

Arrivé au centre Macmillan de l'University College Hospital ce mardi en fin de matinée, le roi est apparu souriant, en forme et avec encore tous ses cheveux, et a affirmé qu'il allait bien. Au cours de sa visite, Charles III a pris le temps de s'entretenir avec les soignants, mais aussi de discuter avec plusieurs patients soignés, comme lui, par un protocole de chimiothérapie. A l'un d'eux, il a ainsi demandé s'il utilisait un casque réfrigérant, précisant que cela pouvait « aider ». Mais en quoi consiste ce procédé qui aide à protéger les patients en chimiothérapie de la chute de cheveux ?

Un effet fréquent de la chimiothérapie

Lorsqu'un diagnostic de cancer est posé, une chimiothérapie peut être proposée au patient. C'est un « traitement du cancer qui repose sur l'utilisation de médicaments. Elle vise à éliminer les cellules cancéreuses quel que soit l'endroit où elles se trouvent dans le corps, indique l'Institut national du cancer (INCa). Y compris celles qui n'ont pas été repérées par les examens d'imagerie. La chimiothérapie agit soit en les détruisant directement, soit en les empêchant de se multiplier. La chimiothérapie agit par voie générale. On parle aussi de traitement systémique ».

En clair, la chimiothérapie est un arsenal thérapeutique lourd qui va cibler les cellules cancéreuses dans l'organisme, mais qui affecte aussi des cellules saines. A ce titre, « les médicaments de chimiothérapie s'attaquent aussi aux cellules saines à l'origine des poils et des cheveux, prévient l'INCa. Certains d'entre eux entraînent une perte des poils de tout le corps et du visage, en particulier des cheveux. C'est ce qu'on appelle une alopécie ».

En pratique, « tous les médicaments de chimiothérapie n'entraînent pas une chute des cheveux, », mais c'est un effet secondaire fréquent, et temporaire, et « souvent mal vécu. Certaines personnes la vivent comme un traumatisme, insiste l'Institut. Il faut y être préparé : la perte de cheveux atteint les personnes dans leur image corporelle. Cela a parfois un grand impact sur leur bien-être physique et psychologique ».

Un casque réfrigérant pour préserver la masse capillaire

Nombre de patientes et patients font ainsi le choix de couper voire raser leurs cheveux, et de porter une perruque. Mais un casque réfrigérant peut être prescrit aux personnes éligibles - hommes et femmes - pour préserver leur masse capillaire, « selon les médicaments de chimiothérapie utilisés et la durée des perfusions », précise l'INCa. « Le casque réfrigérant s'utilise pour les alopécies partielles chimio-induites, au moment du traitement, pour préserver la masse capillaire », indique la Société française de dermatologie (SFD), qui a travaillé sur la question des soins socio-esthétiques pour les personnes touchées par le cancer.

Côté fonctionnement, c'est assez simple : A chaque séance de chimiothérapie, « le casque [qui ressemble plutôt à un bonnet] est posé un quart d'heure avant et est maintenu 15 minutes après. Il est changé toutes les 45 minutes. Il est posé sur cheveux mouillés pour favoriser le contact avec le cuir chevelu et permettre l'effet de vasoconstriction limitant la chute » des cheveux, décrit la SFD.

Un dispositif qui a d'ailleurs convaincu à l'époque Johnny Hallyday, qui, après le diagnostic de son cancer du poumon, a porté un casque réfrigérant durant ses séances de chimiothérapie, ce qui lui a permis de conserver ses cheveux tout au long de sa vie.

Un dispositif efficace, mais pas fait pour tout le monde

Toutefois, ce dispositif n'est pas fait pour tout le monde. « L'efficacité du casque dépend de plusieurs facteurs, prévient l'INCa : des molécules utilisées dans la chimiothérapie, des modes d'administration de la chimiothérapie, de la nature et de la longueur des cheveux du patient, et de sa façon d'en prendre soin ». Ainsi, le protocole est donc « inopérant sur des chimiothérapies en continu par pompe ou des chimiothérapies par voie orale », poursuit l'Institut, qui ajoute que « l'utilisation du casque est parfois contre-indiquée dans le traitement de différents cancers : certaines leucémies, tumeurs ou métastases au niveau du cuir chevelu ». Et lorsqu'il est possible d'en bénéficier, pas toujours simple de le porter en pratique : avec un casque qui doit être changé toutes les 15 minutes pour une utilisation optimale, « la gestion du casque par l'équipe soignante lors de la chimiothérapie » peut être compliquée, souligne l'INCa, « toutes les équipes soignantes ne sont pas nécessairement organisées ni équipées pour assurer des changements de casques aussi fréquents ».

Et pour les patientes et patients courageux prêts à le porter, les sensations peuvent être particulièrement désagréables à un moment où l'organisme est déjà mis à rude épreuve, avec un casque qui selon les modèles est à une température de -4 à -15 degrés. « Imaginez des dizaines de glaçons sur votre tête pendant trois heures ! C'est très pénible, a expliqué à l'association RoseUp le Dr Christine Matéus, dermatologue et oncologue à l'institut Gustave-Roussy. Outre la sensation très désagréable, un certain nombre de patientes se plaignent de migraines, de douleurs oculaires ou cervicales. Environ un quart ne le supportent pas et demandent qu'on leur retire ».

Utilisé à ce jour dans une trentaine pays pour tenter de limiter la perte de cheveux induite par la chimiothérapie, le casque réfrigérant a toutefois fait la preuve de son efficacité. Deux études menées sur des femmes touchées par le cancer du sein et soignées par chimiothérapie ont démontré que le port d'un casque réfrigérant avait été efficace chez au moins la moitié d'entre elles, pour limiter la perte des cheveux, mais aussi améliorer leur bien-être durant leur protocole de soins, rapporte la revue scientifique JAMA. Autre point positif, le port de ce casque favorise une meilleure repousse des cheveux à l'issue des traitements.

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