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Qui est Sadiq Khan, premier maire élu trois fois de Londres ?

Original source (on modern site)

De visage de la diversité à celui de la continuité : Sadiq Khan est désormais en très bonne place dans l'histoire de Londres. Le travailliste est en effet devenu samedi le premier élu à remporter la mairie de la capitale britannique pour un troisième mandat.

L'élu de 53 ans, fils d'immigrés pakistanais, avait pour la première fois ravi la mairie en 2016. Il était alors devenu le premier musulman à diriger une capitale occidentale. Avec ce troisième mandat, remporté largement avec 43,8 % des votes face à son adversaire conservatrice Susan Hall (32,7 %), il bat en terme de longévité son prédécesseur le conservateur Boris Johnson, élu deux fois à la mairie de Londres.

Promesse d'une ville « plus juste, plus sûre, plus verte »

Dans son discours juste après l'annonce des résultats, il s'est dit « honoré » et « fier » et a affirmé espérer que cette année soit celle d'un « grand changement » avec « un futur gouvernement travailliste ». Pour son premier mandat, il avait combattu avec force le Brexit. Cette fois, il a promis une ville « plus juste, plus sûre, plus verte pour tout le monde ».

Il veut étendre son programme de repas gratuits pour les enfants des écoles publiques. Lui qui a grandi dans un logement social s'est engagé à ce que 40.000 nouveaux logements sociaux soient construits. Il a promis d'agir pour qu'il n'y ait plus de sans-abri à Londres d'ici 2030.

Dans la classe politique, Sadiq Khan est devenu la bête noire de la presse conservatrice et des « Tories », au pouvoir au Royaume-Uni depuis 2010. Ils l'attaquent sans relâche sur la sécurité. Ils l'accusent d'être responsable de l'augmentation des agressions à l'arme blanche, un fléau que le maire attribue pour sa part à la politique d'austérité des gouvernements conservateurs qui auraient conduit à la baisse des effectifs policiers.

Des attaques qui parfois dérapent

Ses opposants lui reprochent aussi d'avoir étendu l'an dernier au grand Londres la taxe pour véhicules polluants, introduite en 2015 par Boris Johnson. Les conservateurs ont sauté sur cette opportunité, l'accusant d'avoir peu d'égard pour les Londoniens souffrant de la crise du coût de la vie.

Les attaques contre lui dérapent parfois. L'ancien vice-Premier ministre des « Tories » Lee Anderson a ainsi affirmé en février que les islamistes avaient « pris le contrôle » de Sadiq Khan. « Il a donné notre capitale à ses acolytes », a dit le député qui a depuis rejoint le parti d'extrême droite Reform UK.

Le maire incarne une de ces success-stories que Londres, ville monde fière de sa diversité, où 46 % des résidents s'identifient comme asiatiques, noirs, mixtes ou « autres », affectionne. Il ne rate jamais une occasion de revenir sur ses origines modestes et parle volontiers du fait qu'il respecte le jeûne du ramadan, ne boit pas d'alcool et essaie de faire ses prières tous les jours.

Une enfance dans un quartier populaire

Né le 8 octobre 1970 dans une famille pakistanaise alors immigrée au Royaume-Uni depuis peu, il grandit dans un lotissement social à Tooting, quartier populaire du sud de Londres, avec six frères et une sœur. Il fréquente le lycée public local, pas franchement réputé, et l'université de North London. Un de ses professeurs repère son don pour les joutes oratoires et l'oriente vers des études de droit.

A 15 ans, il adhère au Parti travailliste quand Margaret Thatcher est au pouvoir. En 2005, il abandonne sa carrière d'avocat spécialisé en droits humains pour se faire élire député. Trois ans plus tard, Gordon Brown lui offre le poste de ministre chargé des Communautés, puis celui des Transports l'année suivante. Il devient le premier musulman à siéger au cabinet d'un Premier ministre britannique. Et quand le palais de Buckingham lui a demandé sur quelle Bible il voulait prêter serment, il a proposé d'apporter son Coran. Sadiq Khan a laissé son exemplaire au palais, espérant qu'il servira « pour le suivant ».



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