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Manger moins de sucre, est-ce un sport de combat ?

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On trouve du sucre partout dans notre alimentation, à tel point que nous en consommons sans même en avoir conscience. Lutter contre le sucre requiert beaucoup d'énergie.

**"**Suite à des vacances en famille, on s'est aperçu que notre fils était dépendant au sucre, au point de vue de prendre de l'argent dans notre porte-monnaie pour s'acheter des bonbons. Un matin, il a fait une crise de manque, il avait des tremblements, il tenait à peine sur ses jambes, il n'était vraiment pas bien." Sophie a identifié cette dépendance et a pris les choses en main. Le sucre était une façon de chercher l'attention de ses parents. "Il laissait les emballages vides des bonbons et des gâteaux industriels dans la maison, dans sa chambre ou dans les tiroirs." Depuis, la famille a supprimé les bonbons et fait des gâteaux maison.

Le sucre occupe une place particulière dans nos vies. Il est présent dans les magasins, dans nos placards, dans nos assiettes, dans notre cerveau, dans nos envies... Le combat semble bien inégal. Le sucre serait-il notre pire ennemi ? Delphine Ladril, diététicienne à  La Vie la Santé au CHU de Poitiers, accompagne entre autres des patients touchés par le diabète, s'interroge : "par rapport à ce que la nature a mis à disposition pour l'alimentation humaine, mis à part les fruits, il y a finalement très peu d'aliments sucrés. Cela peut nous interpeller : finalement, notre organisme n'est pas si adapté que cela à la consommation de sucre...".

"Le même impact que la cocaïne"

Il y a deux familles de sucre : les sucres rapides et les sucres lents. Ce sont les premiers qui posent problème. "Les sucres rapides sont disséminés un peu partout dans les sodas, les bonbons, les gâteaux, mais aussi dans certains aliments industriels transformés, qui vont apporter une dose de sucre." Le danger, c'est que le corps non seulement s'habitue à cette substance, mais la réclame. "Il y a des études qui montrent que le sucre a le même impact sur notre côté dépendant que la cocaïne." D'où le danger de la consommation de sucre chez les plus jeunes.

Les risques d'une trop grande consommation de sucre sont bien connus : risque de développer un diabète de type 2, maladie qui touche 4,2 millions de personnes en France, maladies cardiovasculaires, surpoids, obésité, caries dentaires... Sans oublier, les problèmes de rein et la maladie du soda, "actuellement, on a aussi des problèmes de foie qui subit les conséquences de la consommation importante de sucre, puisque c'est le seul organe à se charger d'une certaine forme de sucre qu'il va réceptionner, modifier et transformer en graisse".

Delphine Ladril le reconnait : "il y a des moments de la journée où c'est plus compliqué de résister". L'explication vient de nos hormones. "Le sucre facilite la production de certaines hormones sécrétées le soir, comme la sérotonine, l'hormone de la détente, du bien-être et qui est elle-même précurseur de la mélatonine, l'hormone du sommeil."

Le sucre porte mille noms

Dans un aliment transformé, le sucre porte des noms différents : sirop, dextrose, fructose, glucose, lactose, jus de fruit, maltose, mélasse, dextrine, maltose, dextrine, mais aussi amidon de maïs et de pomme de terre... D'où l'intérêt de regarder à la loupe la liste des ingrédients des produits ultra-transformés. Quelle place doit occuper le sucre dans notre alimentation ? Il n'est pas question de le bannir, mais plutôt d'en contrôler la quantité, d'acheter, par exemple, des yaourts nature et de les sucrer soi-même avec du sucre complet, des fruits, du miel, de la compote, des fruits secs, du sucre de coco ou du sirop d'agave. Le sucre blanc, issu de la betterave, n'est pas très intéressant nutritionnellement.

Julien a eu la curiosité de regarder la composition des aliments pour son chat et a eu la surprise d'y découvrir... du sucre. "J'ai du mal à finir à un repas sans sucre, même si j'ai l'impression d'avoir suffisamment bien mangé." Il se laisse tenter par du chocolat, "un carré ou deux, ce qui permet quand même de faire passer cette envie. J'arrive à rompre cette envie en buvant de l'eau". Plutôt une bonne idée pour Delphine Ladril qui rappelle que le chocolat noir à partir de 70% est assez intéressant, sucré certes, mais il apporte aussi du magnésium et des fibres. Idem pour le miel qui est du sucre, mais qui contient aussi "un petit peu de minéraux, un petit peu de vitamines, un peu d'antioxydants, donc, on est quand même sur un produit qui va avoir un certain bénéfice pour la santé".

Le manque, si on arrête d'un coup

Jacqueline a un péché mignon ; les croquettes au chocolat au lait. Son problème, c'est que l'envie peut arriver n'importe quand dans la journée. Delphine Ladril ne fait pas la guerre au sucre : "tout repose quand même sur la quantité consommée par jour". Mais pour qui veut s'en défaire, elle explique qu'il y a deux stratégies : "soit on arrête complètement d'un seul coup, et effectivement, il y a une période de manque qui va se faire sentir, mais qui en général ne dure que quelques jours, cela demande clairement un effort, en raison du côté addictif, soit, on diminue progressivement la consommation de sucre avec un risque de rechute un peu plus important".

Delphine Ladril conseille de "limiter autant que faire se peut les aliments ultra-transformés, de cuisiner pour éviter un déséquilibre au niveau de la flore intestinale, d'éviter les boissons sucrées, de doser soi-même la quantité de sucre, de privilégier les fruits pressés au jus de fruit en bouteille." Pour ne pas laisser le sucre gagner la bataille.

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