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Viaduc d'Oléron : pourquoi la question du péage a refait surface

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l était acquis que le débat reviendrait un jour. Restait à savoir quand. Plus de six ans après le renoncement du président, à l'époque, du Département Dominique Bussereau à faire voter l'assemblée départementale sur la question d'une écotaxe, faute de majorité dans son propre camp, ce début d'année 2024 fait resurgir des flots ce serpent de mer : un péage sur le viaduc d'Oléron.

Plusieurs signaux se sont accumulés, à l'image de cette intervention en février en séance publique du conseiller départemental divers gauche Pascal Ferchaud (Saujon) : « les gros travaux qui...

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l était acquis que le débat reviendrait un jour. Restait à savoir quand. Plus de six ans après le renoncement du président, à l'époque, du Département Dominique Bussereau à faire voter l'assemblée départementale sur la question d'une écotaxe, faute de majorité dans son propre camp, ce début d'année 2024 fait resurgir des flots ce serpent de mer : un péage sur le viaduc d'Oléron.

Plusieurs signaux se sont accumulés, à l'image de cette intervention en février en séance publique du conseiller départemental divers gauche Pascal Ferchaud (Saujon) : « les gros travaux qui vont devoir être financés par le budget du Département » l'avaient interrogé sur l'instauration d'une écotaxe. Qualifiée de « retour vers le futur », la question avait été vite balayée par la présidente du Département Sylvie Marcilly : l'élue de Fouras avait contribué à faire capoter le projet en 2017.

En contrepartie, l'île a bénéficié d'un plan triennal de compensation baptisé « Oléron 2021 » dans lequel le Département a injecté 7,7 millions d'euros pour la préservation de l'île. Puis en 2022 d'un contrat de proximité signé pour quatre ans allouant une somme annuelle de 2,2 millions d'euros pour financer des actions dans les domaines des espaces naturels ou des mobilités alternatives à la voiture. Des conventions que le Département a par la suite contractualisées avec les 12 autres intercommunalités, signant la fin de cette singularité oléronnaise.

Îles entre elles

Président de la CdC (Communauté de communes) et partisan historique d'une écotaxe, Michel Parent a été contacté par son homologue de l'île de Noirmoutier après le refus, voté à une large majorité du Conseil départemental de la Vendée en mars, de mettre en place une écotaxe. Ils se réuniront cet été, rejoints par les Rétais, troisième île française concernée par ce droit départemental de passage et la seule qui l'applique.

Avec en toile de fond les difficultés financières auxquelles sont confrontés les Départements qui se traduisent par une plongée des droits de mutation, qui vont rapporter en Charente-Maritime 165 millions d'euros en 2024 contre 236 millions en 2022.

Face à ces réalités budgétaires et au regard du coût pour le Département de la réfection du pont d'Oléron évaluée « à 25 ou 30 millions d'euros, ça commence à frémir chez des élus du Département » glisse Michel Parent, dont la parole est relayée par les deux conseillers Christophe Sueur et Dominique Rabelle au sein de la majorité de la droite et du centre à laquelle ils appartiennent. Avec un argument massue : l'instauration d'une écotaxe réduirait la facture pour le Département.

« On en parle en jetant des bouées » lance Dominique Rabelle. Reste à convaincre, et d'abord au sein de son camp : « c'est un coup d'épée dans l'eau », assure le Rochefortais Gérard Pons, qui reste un opposant résolu au motif de « retombées touristiques catastrophiques sur le continent ». De son côté, Sylvie Marcilly se limite à ce sobre commentaire : « je n'ai été saisie d'aucune demande à ce jour ».

Mur

Au-delà du pont, les Oléronnais sont accaparés par un sujet qui a émergé : l'érosion du littoral, qui ne peut être financée par le produit d'une écotaxe (destinée aux espaces naturels et transports propres). Mais un effet d'aubaine législatif peut survenir, comme depuis le 1er janvier avec une extension au financement des pistes cyclables du quotidien. « Nous avons 100 km de côtes contre 4 pour La Rochelle » ne manque jamais de comparer Dominique Rabelle.

Alors que dans le cadre du plan digues protégeant des submersions marines, la participation intercommunale et communale se limitait à 20 %, la lutte contre l'érosion côtière ne bénéficie pas de fonds dédié. En attendant l'adoption, ou non, d'un mécanisme, dans la loi de finances 2025, Christophe Plassard réfléchit à d'autres pistes de financement autour « du cadre fiscal » du futur parc éolien en mer au large d'Oléron, l'imposition de taxes sur l'exploitation des éoliennes n'étant pas autorisée en zone économique exclusive (au-delà des 22 km des côtes). Pour l'heure, le député (Horizons) ne s'est pas prononcé « momentanément » sur le péage, il va « étudier » le sujet.

Combattant de la première heure du péage, un autre parlementaire, le sénateur (PS) et élu d'opposition au Département Mickaël Vallet (Marennes) reconnaît volontiers que « des collectivités doivent faire face à des fragilités particulières comme le trait de côte ». Mais il appelle à faire jouer la « solidarité nationale » pour l'ensemble des îles. Plutôt qu'à ériger « un mur symbolique ».

Retour sur 10 ans

Payant à son ouverture en 1966, le pont est devenu gratuit en 1994. En 2014, les élus de la CdC votent l'écotaxe. Six mois après l'annulation par la justice d'un référendum destiné aux seuls 20 000 électeurs de l'île institué par le département, le président du conseil départemental renonce à faire voter les 54 élus. Les études entreprises avaient défini des montants de péages plus faibles que sur Ré (10, 5 et 2 euros suivant les saisons) avec des formules d'abonnement à 1,80 euro. Sur la base de 2,7 millions de passages annuels (dont 30 % représentés par les propriétaires de résidences principales exonérés), 6 millions d'euros de recettes annuelles étaient attendus.

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