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1er mai, 8 mai, Ascension, Pentecôte: le casse-tête des ponts du mois de mai pour les entreprises charentaises

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À Cognac, à l'imprimerie Bidoit, spécialisée dans la production d'étiquettes haut de gamme, l'effet « gruyère » du mois de mai a été largement anticipé enfin d'en amortir les effets. « Il aurait été inenvisageable pour nous de rester fermés plusieurs jours d'affilée », explique Marie Hardel, la directrice de site, qui pointe l'exigence de productivité et de résultats. Pour le coup, « les congés du mois de mai ont été posés il y a trois mois. » Et là aussi, la flexibilité est un pilier de l'organisation. Ainsi, les salariés ont pu, à leur convenance, poser les jours qui les intéressaient. Pour certains, c'était les « 2 et 3 mai, d'autres les 6 et 7 ou les 9 et 10 mai. » Une façon pour l'entreprise de lisser ses effectifs assurant ainsi une activité qui perdure afin de pouvoir assurer les commandes.

Tout le monde n'a pas les moyens de s'offrir des week-ends prolongés.

Subtilité également : « nous avons décidé de mettre notre journée de solidarité au 9 mai, ce qui nous permet de travailler ». Chez Arts Energy, à Nersac, Jérôme Pénigaud, directeur marketing et communication, fait également valoir cette consultation des salariés qui a permis de dessiner les contours de l'activité. « Moins de 70 % ne voulait pas venir travailler, donc nous avons fait le choix de ne rien imposer », relate-t-il. Une façon de ne pas fermer l'usine et ainsi d'optimiser les coûts. En revanche, « nous avons imposé une fermeture le 10 mai, et en avons averti tous nos clients et fournisseurs ».

Transport à l'arrêt

Chez Fromacoeur, à Ruffec, « tous les jours fériés sont chômés », détaille le patron Hubert Jullien. Mais également le vendredi 10 mai, précise-t-il, ce jour ouvré coincé cette année entre le mercredi 8 mai suivi du jeudi de l'Ascension d'un côté et le week-end de l'autre. L'entreprise ferme donc « à la demande des salariés», ajoute le patron. Une fermeture qui n'a guère d'incidence dans la mesure où, dans de nombreuses sociétés industrielles, « la semaine se finit de toutes les façons le vendredi midi ». Et puis, analyse encore Jean-Christophe Dupuy, président de la CPME Charente, même les entreprises qui maintiennent la production se heurtent à des problématiques de transport et d'expédition, qui vont être largement à l'arrêt ». À l'Union patronale, Cindy Camboly abonde : « si les marchandises ne sont pas expédiées, elles ne sont pas facturées ce qui vient déstabiliser des trésoreries souvent fragilisées par une conjoncture qui n'est absolument pas évidente », analyse la directrice générale. Ce qui est « extrêmement impactant pour les entreprises ». C'est un mois de mai « hypercompliqué » poursuit Cindy Camboly, « et qui arrive dans la foulée de deux semaines de vacances scolaires qui se sont déjà traduites par une activité parfois réduite ».

Pour les managers, « apprendre à couper »

« Un détail » pour le patron d'une entreprise charentaise du bâtiment d'une quinzaine de salariés après ce qui a été pour lui « une vraie catastrophe », à savoir « la pluie qui s'abat depuis six mois sur la Charente ». Son entreprise restera fermée du 8 au 12 mai. « Ce qui ne constitue pas un véritable problème dans la mesure où cela a été anticipé », explique ce patron. « Le seul impératif étant pour nous de nous assurer que nous ne laissions pas nos chantiers ouverts aux intempéries pendant ces week-ends prolongés ».

Dans l'artisanat, certains acteurs font en sorte, eux, de réduire au maximum l'empreinte de ces jours fériés qui font chuter le chiffre d'affaires. Et contre toute attente « les 10 et 11 mai, nous aurons plus de clients que jamais », indique Elise, esthéticienne installée à Ruelle pour qui « tout le monde n'a pas les moyens de s'offrir des week-ends prolongés ».

Et si Jean-Christophe Dupuy estime que « beaucoup de dirigeants vont profiter de l'absence des salariés pour avancer sur des sujets de fond », Bruno Buisson assume, lui, de « couper » 5 jours en mai : « il faut le faire, ça s'apprend », raconte celui qui, le 1er mai, « a passé une partie de la nuit au téléphone avec des clients aux États-Unis » qui ont « du mal à saisir cette accumulation de jours chômés de ce côté de l'Atlantique. » Enfin, du côté des salariés, certains ne se sont pas fait prier : Pierre, un quadragénaire installé en Charente, n'a pas réfléchi longtemps : après une semaine de congés fin avril, ce vidéaste enchaîne avec un « méga pont » du 1er au 12 mai, avec seulement « 5 jours de posés ». Éloge de la flemme printanière.

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