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De nouvelles tensions entre Stellantis et son réseau de concessionnaires

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Chez Stellantis, l'accalmie a été de courte durée, ne durant que quelques mois. Le mécontentement refait surface. La raison de cette grogne est la rentabilité moyenne des marques de Stellantis au premier trimestre 2024, qui serait désastreuse. Cette rentabilité est négative, et les prochains buy-backs gonflés à l'occasion du leasing électrique vont alourdir encore l'addition.

EXCLU. Selon nos sources, la grogne est de nouveau perceptible dans plusieurs réseaux du groupe Stellantis et remonte jusqu'à Auto Infos. Toutes les marques seraient dans le rouge au premier trimestre 2024, avec des rentabilités négatives, alors que la plupart d'entre elles étaient positives à la même période l'année dernière. Ces mauvais résultats se reflètent également à l'échelle du groupe Stellantis, dont le chiffre d'affaires a chuté de 12 % pendant cette période.

Une situation « préoccupante et inédite »

La situation s'est de nouveau détériorée depuis le début de l'année. Les concessionnaires sont très mécontents de Stellantis France et de sa politique commerciale. Certains qualifient la situation d'« inédite », tandis que d'autres la trouvent « très préoccupante ». Depuis environ six mois, on pensait que les réseaux des marques de Stellantis avaient retrouvé leur calme et leur dynamisme. Grâce à ses importants volumes d'immatriculations depuis le début de l'année, Stellantis donnait l'impression de progresser malgré le ralentissement des ventes et de l'électrique. Cependant, sur le terrain, les concessionnaires ne partagent pas du tout cette vision positive, et l'inquiétude commence à monter.

Une rentabilité moyenne par marque négative

Le bilan du premier trimestre 2024 montre que la rentabilité par marque n'est pas bonne. Selon les chiffres obtenus par Auto Infos (que nous avons choisi de ne pas publier en raison de la concurrence avec les autres constructeurs), plusieurs marques présentent déjà des signes de grande faiblesse qui suscitent des inquiétudes pour l'avenir et le reste de l'année. En effet, cette rentabilité, comprise dans une fourchette de - 0,11 % à - 1,88 %, est négative, alors qu'elle était déjà positive l'année dernière à la même période. Cette rentabilité négative des réseaux concerne Peugeot, Citroën, Opel, les marques FCA et également DS.

Plusieurs distributeurs ont déjà exprimé leurs préoccupations à Christophe Musy, directeur de Stellantis France. Une grogne s'installe et est renforcée par deux contraintes chez Stellantis qui pèsent encore plus sur les résultats financiers : un excès d'immatriculations de véhicules de démonstration tactiques et des investissements obligatoires dans les showrooms.

Les valeurs résiduelles : premier motif d'inquiétude

Au cours des trois premiers mois de l'année, Stellantis a effectivement immatriculé un grand nombre de véhicules de démonstration (VD) tactiques. Bien que les nouveaux produits l'exigent, le constructeur est allé plus loin pour maintenir ses parts de marché face à Renault, en allant même jusqu'à immatriculer à l'avance des véhicules liés au leasing mais pas encore livrés.

En plus de cela, la politique de valorisation des véhicules électriques d'occasion a été gonflée dans le cadre du leasing électrique. Les concessionnaires, déjà confrontés à des difficultés pour écouler leur stock de véhicules d'occasion électriques, s'inquiètent des prochains rachats de ces véhicules vendus au cours du premier trimestre.

Et le coût du réaménagement des showrooms

Dans le même temps, le constructeur ajoute une contrainte supplémentaire et demande aux différents réseaux de mettre à jour leurs enseignes et leurs showrooms aux couleurs du nouveau standard baptisé « Stellantis Brand House ». L'ensemble de ces modifications doivent être réalisées avant la fin de l'année 2024.

Cela représente un coût non négligeable. On estime en moyenne que la mise à jour des standards d'exposition coûtera entre 50 000 et 100 000 euros par point de vente, en fonction des marques.

Alors que la grogne monte, plusieurs concessionnaires se demandent si Stellantis ne pousse pas ce renouvellement des enseignes avant l'arrivée du contrat d'agent. Dans ce cas, le constructeur serait obligé de prendre en charge une grande partie de ces nouvelles enseignes.

Un mauvais premier trimestre pour le groupe Stellantis

Dans l'Hexagone, la Bourse a sanctionné les contre-performances commerciales de Stellantis. La contraction de 12 % du chiffre d'affaires du groupe franco-italo-américain sur le premier trimestre, s'est traduite par une baisse de 11 % du cours de l'action du fabricant. Les chiffres reflètent une chute des ventes de 10 %. Le décrochage est particulièrement marqué en Amérique du Nord où le repli atteint 20 %. Une sortie de route qui touche notamment Jeep. L'Europe est également touchée, mais dans une moindre mesure, avec un recul de 6 % et 615 000 unités commercialisées.

En France, le groupe dirigé par Carlos Tavares, compose avec des gammes en attente de renouvellement. Si les ventes tactiques ont sauvé les apparences en avril, Citroën a quand même bu la tasse avec une chute de 14 % de ses immatriculations. L'arrivée de la nouvelle ë-C3 est clairement attendue comme le Messie !

Fiat et DS Automobiles broient aussi du noir, tandis que Peugeot voit le lancement de son nouveau SUV 3008 être contrarié par des problèmes de jeunesse. Le lion est ainsi blessé dans son orgueil face à Renault. La marque au losange lui ayant ravi la première place sur le marché VP à l'issue du premier trimestre de l'année.

Les stocks de véhicule d'occasion électriques s'accumulent

La gestion des stocks VO redevient un sujet central pour les distributeurs. Au sortir de près de trois années d'embellie, le marché de l'occasion enregistre un retour à la normale… dans la douleur. Et cela concerne toutes les marques : Renault et Stellantis ayant un impact plus important en raison des volumes en jeu. Selon Autobiz, les professionnels font face à une abondance de stocks. Ils détenaient 561 047 véhicules de moins de 7 ans à fin février, soit 73 395 unités de plus par rapport à la même période un an plutôt. L'équivalent de trois mois d'activité. Un chiffre record depuis trois ans.

Les taux de rotation s'envolent sur le VO électrique

Les vendeurs se retrouvent confrontés à la reprise et à la restitution des véhicules, tout en devant faire face à une demande au ralenti. Résultat : le taux de rotation de référence de 60 jours commence à déraper. Il flirterait désormais avec les 80 jours, selon les spécialistes interrogés.

La tendance est encore plus marquée sur le véhicule d'occasion électrique. Il atteindrait entre 90 et 150 jours ! Des modèles BEV qui représentent 1,6 % du marché de la seconde main, mais 4 % des VO de moins de 5 ans. Un chiffre qui pourrait doubler cette année pour les VO de moins de deux ans, d'après les prévisions du garantisseur Opteven qui parle de l'an 1 du véhicule d'occasion électrique.

La situation conduit à mettre en place des durées de LOA plus longues de manière à baisser artificiellement les loyers. D'autant que les VOE doivent composer avec la concurrence des modèles électriques neufs dont les loyers sont parfois inférieurs, et l'obsolescence des batteries.

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