Européennes 2024 : le décrochage du camp Macron chez les jeunes

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Ce n'est plus un décrochage, c'est une rupture. Les différentes enquêtes d'opinion sur les élections européennes du 9 juin révèlent un score particulièrement bas de la liste de Valérie Hayer chez les 18-24 ans. Dans le baromètre Eurotrack OpinionWay - Vae Solis réalisé pour « Les Echos » et Radio classique, elle n'obtient que 3 % des intentions de vote au sein de cette tranche d'âge.

Les autres sondages donnent la même tendance : Valérie Hayer atteint 7 % chez les 18-24 ans selon Harris Interactive, ou encore 4 % chez Ipsos et chez Ifop. « Les 18-24 ans désertent Emmanuel Macron et son camp depuis la présidentielle de 2022 », souligne Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.

Rupture depuis 2022

« Cette tranche d'âge est préoccupée par les questions relatives à l'écologie ou le social mais considère qu'Emmanuel Macron ne s'adresse pas à eux. Il leur donne le sentiment de ne pas avoir un programme pour la jeunesse », analyse Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d'Harris Interactive.

Ceux qui estiment qu'Emmanuel Macron n'en fait pas assez sur la sécurité ou l'immigration vote pour la liste de Jordan Bardella, ceux qui pensent que les points faibles du camp Macron sont plus sur l'écologie, les questions sociétales comme l'égalité entre femmes et hommes, la question des violences faites aux femmes ou les discriminations se tournent vers les listes de gauche, celle de Raphaël Glucksmann, de LFI ou des écologistes.

La rupture est nette depuis 2022. Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron avait réalisé un score de 23 % chez les 18-24 ans, rappelle Harris interactive. Mais depuis, la loi immigration et la réforme des retraites ont heurté les jeunes de sensibilité de gauche, sans oublier ses propos sur Gérard Depardieu. En décembre dernier, Emmanuel Macron avait déclaré sur France 5 que l'acteur, mis en cause pour des agressions sexuelles, « rend fière la France ». « Ces déclarations ont annihilé tout ce qui a été fait en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles », selon Frédéric Dabi, directeur général d'Ifop chargé des études d'opinion.

Forte abstention

Les jeunes se déplacent peu dans les bureaux de vote pour les européennes. Le taux d'abstention est largement au-dessus de la moyenne nationale et se situe plus dans la zone des 70 %. Moins intéressé par la campagne des élections européennes, cet électorat se décidera aussi plus tardivement. « Les jeunes votent moins, mais leur désertion du vote macroniste est significative du rétrécissement de la base électorale d'Emmanuel Macron », estime de son côté Bruno Jeanbart, le vice-président d'OpinionWay.

Le mouvement est plus large puisqu'il touche aussi les actifs, à commencer par ceux âgés de 25 à 34 ans. « Les jeunes actifs sont de plus en plus critiques vis-à-vis d'Emmanuel Macron car ils sont les plus impactés par les problèmes de pouvoir d'achat ou la réforme des retraites. Pour ceux qui ne sont pas encore actifs, c'est la question écologique qui prédomine », note Bernard Sananès, le président d'Elabe.

Chez les 25-34 ans, Jordan Bardella atteint son plus haut score, avec des intentions de vote de 41 %, dans le baromètre d'OpinionWay. La liste LFI de Manon Aubry vient loin derrière avec 15 %.

Attal ne parle pas aux jeunes

Aujourd'hui, les zones de force d'Emmanuel Macron se trouvent uniquement chez les électeurs les plus âgés. « En 2017, Emmanuel Macron avait séduit les jeunes sur sa promesse de faire de la politique autrement, ce qu'il n'incarne plus aujourd'hui », explique Brice Teinturier. La nomination en janvier dernier à Matignon de Gabriel Attal , plus jeune Premier ministre de la Ve République , n'y a rien changé. « Gabriel Attal est jeune, mais ne parle pas aux jeunes. Et quand il évoque des sujets liés à la jeunesse, comme le retour de l'autorité ou le développement des internats, il le fait en s'adressant aux plus âgés », pointe Bruno Jeanbart.

Dans l'équipe de campagne de Valérie Hayer, on ne nie pas cette évidence. « Les jeunes se décident tardivement, donc on aura des opérations plus ciblées en fin de campagne. Mais il faut mobiliser beaucoup d'énergie pour les atteindre compte tenu de leur façon de s'informer », estime-t-on dans l'entourage de la tête de liste.

Jordan Bardella a 1,1 million d'abonnés sur le réseau social TikTok, alors qu'il n'est quasiment pas utilisé par Valérie Hayer, qui invoque notamment les règles de sécurité fixées par l'Union européenne. Raphaël Glucksmann a préféré fermer son compte.

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