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Antarès, une étoile supergéante sur le point d'exploser

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Dans un avenir proche, l'étoile principale de la constellation du Scorpion se transformera en supernova et son éclat rivalisera avec celui de la pleine lune.

En mai, Antarès du Scorpion est visible juste au-dessus de l'horizon sud-est en cours de soirée. Un fin voile nuageux éclairé par la pollution lumineuse n'empêche pas de repérer son éclat rouge-orangé. Technique : boîtier Sony A7III avec un objectif Zeiss de 55 mm diaphragmé à 3,2 ; 4 secondes de pose à 2 000 ISO.

© Guillaume Cannat    

Le mois de mai annonce aux observateurs le retour d'Antarès du Scorpion dans le ciel du soir. Antarès est l'une des étoiles les plus brillantes de la voûte céleste et son éclat rouge-orangé attire d'autant plus les regards que la turbulence atmosphérique le fait souvent scintiller vivement car cette étoile ne s'élève guère au-dessus de l'horizon sud à la latitude de la France métropolitaine. Elle apparaît vers le sud-est en cours de soirée au début du mois puis se lève chaque soir un peu plus tôt. Même si vous habitez dans un environnement périurbain trop éclairé par les lumières artificielles, voire en pleine ville, vous n'aurez pas de peine à l'identifier car aucune étoile proche d'elle dans le ciel ne peut rivaliser avec son éclat. Si vous avez encore un doute, attendez la nuit du 23 au 24 mai qu'Antarès passera en compagnie de la Pleine Lune : les deux astres se lèveront le 23 durant le crépuscule, près d'une heure après le coucher du Soleil, et l'éclat rougeoyant de l'étoile principale du Scorpion sera le seul visible à l'œil nu à près de trois degrés du disque lunaire éblouissant. Cet écart apparent réduira au fil de la nuit et, le 24 mai à l'aube, il sera inférieur à un demi-degré alors que le couple se rapprochera de l'horizon sud-ouest.

Durant la nuit du 23 au 24 mai, Antarès et la pleine lune seront en conjonction à moins d'un demi-degré.

La différence d'éclat entre la Lune et Antarès vous semblera énorme - il vous faudra peut-être même cacher le phare lunaire pour voir l'étoile -, mais l'observation du ciel nous apprend qu'il faut toujours se méfier des apparences. La proximité du satellite naturel de la Terre, qui orbite à seulement quelques centaines de milliers de kilomètres de nous, lui permet certes de nous éblouir, mais Antarès ne joue pas du tout dans la même catégorie. Son éclat rouge-orangé nous indique que, comme Bételgeuse d'Orion, il s'agit d'une étoile supergéante qui aborde l'ultime phase de son évolution physique et lorsque l'on tient compte de sa distance, que les astronomes estiment proche de 550 années-lumière, on réalise qu'Antarès est l'une des étoiles les plus massives et les plus volumineuses de notre environnement cosmique : elle serait au moins quinze fois plus massive et des dizaines de milliers de fois plus lumineuse que le Soleil, et si on la plaçait au centre du Système solaire ses couches externes dépasseraient largement l'orbite de Mars.

Dans un avenir proche à l'échelle des temps astronomiques - demain ou dans quelques milliers d'années -, Antarès se transformera en supernova : son cœur surchauffé d'une densité extraordinaire s'effondrera sur lui-même et ses couches externes seront violemment dispersées lors d'une explosion cataclysmique. L'éclat de cette déflagration stellaire mettra 550 années à nous parvenir - peut-être est-il d'ailleurs déjà en route - et lorsqu'il atteindra la Terre les astronomes calculent qu'il devrait être plus intense que celui de la pleine lune durant plusieurs semaines. Une conjonction future identique à celle que nous contemplerons en fin de mois prendra alors une autre dimension !

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Chaque mois, je vous propose de découvrir mes images du ciel dans ma Lettre du Guide du Ciel.

Fin mai sur le causse Sauveterre (Cévennes), des milliers de marguerites fêtent l'arrivée d'Antarès du Scorpion dans le ciel crépusculaire.

© Guillaume Cannat 

Quelques rendez-vous à admirer dans le ciel de mai

Comme l'année dernière, Saturne est installée dans la constellation du Verseau. Son élongation solaire grandit de jour en jour et, si sa trajectoire n'était pas autant penchée vers l'horizon en Europe, elle brillerait déjà très haut dans le ciel en fin de nuit. Le samedi 4 mai à l'aube, une heure et demie avant le lever du Soleil, portez votre regard vers un horizon est-sud-est bien dégagé et vous verrez sans peine le beau croissant de Séléné. Le petit point de Saturne brille à près de trois degrés au-dessus. L'éclat de cette planète est en baisse cette année car ses anneaux, qui contribuent habituellement à sa brillance, sont tellement inclinés par rapport à notre ligne de vision qu'ils ressemblent presque à une fine ligne qui s'étend de part et d'autre du disque. L'année prochaine, ils disparaîtront pratiquement durant plusieurs semaines lorsque la Terre passera exactement dans leur plan. Levez-vous tôt le dimanche 5 mai pour observer le petit point orangé de Mars dès son lever plein est ! Cette planète est encore très loin de la Terre - près de 300 millions de kilomètres - et son éclat est modeste, mais comme elle circule dans les Poissons et que les étoiles de cette longue constellation sont loin d'être éclatantes, vous ne devriez pas avoir d'hésitation pour l'identifier. Et cela d'autant moins que la Lune se lève juste après elle puisque leur séparation apparente est d'à peine un degré ce matin. Cherchez un site d'observation offrant une ligne d'horizon lointaine pour repérer ces astres le plus tôt possible, entre une heure et demie et une heure et quart avant le lever du Soleil, soit au début du crépuscule nautique. Mars devrait disparaître assez vite dans la clarté croissante de l'aube, mais l'arc lunaire sera visible jusqu'au jour. Et si l'atmosphère est limpide, la lumière cendrée devrait être magnifique. Le vendredi 31 mai à l'orée de l'aube, deux heures avant le lever du Soleil, Saturne et le Dernier Quartier sont séparés par près de trois degrés et ils brillent à une dizaine de degrés de hauteur au-dessus de l'horizon est-sud-est. Saturne se lève à présent en seconde partie de nuit et elle s'élève suffisamment dans le ciel sombre pour qu'il redevienne possible de l'observer avec un instrument sans que les images ne soient trop malaxées par la turbulence atmosphérique, toujours plus forte à proximité de l'horizon. Les plus gros satellites naturels de Saturne sont visibles dans les instruments d'amateur, notamment Titan, qui apparaît sans peine avec une petite lunette de 60 mm de diamètre.

Phases de la Lune en mai

La Lune au dernier quartier le 1er dans le Capricorne, nouvelle le 8 dans le Bélier, au premier quartier le 15 dans le Lion, pleine le 23 dans le Scorpion et de nouveau au dernier quartier le 30 dans le Verseau.

Le ciel en mai

La Vierge et le Bouvier s'installent au méridien à la fin du crépuscule en mai, deux heures plus tard au début du mois qu'à la fin. Les étoiles principales de ces deux constellations sont faciles à trouver en prolongeant la courbe tracée par le manche de la Casserole ou le timon du Chariot, selon l'astérisme que l'on choisit pour nommer la figure dessinée par les sept étoiles les plus brillantes de la Grande Ourse. Le grand losange du Diamant domine le sud de la voûte céleste en début de nuit. Il enclot la Chevelure de Bérénice et une large portion de la Vierge. Cette zone semble bien vide dans les ciels urbains car les étoiles qu'elle contient sont assez peu brillantes, mais, sous un ciel noir, les étoiles de la Chevelure de Bérénice sont bien visibles à l'œil nu et, dans une lunette ou un télescope, cette région céleste grouille de vie. Celle-ci se manifeste sous la forme de très nombreuses petites taches cotonneuses rondes, elliptiques ou aplaties qui sont autant de galaxies lointaines contenant chacune des dizaines de milliards de soleils. Les dernières étoiles du ciel d'hiver, celle du Petit Chien, des Gémeaux ou du Cocher, se couchent tôt à l'ouest, mais, de l'autre côté de l'écran nocturne, le ciel d'été s'impose déjà avec l'éclat rougeoyant d'Antarès au sud-est et le trio Altaïr de l'Aigle, Véga de la Lyre et Deneb du Cygne qui se répartit de l'est au nord-est. À la fin des nuits sans Lune, l'arche de la Voie lactée est superbe dans les sites protégés des lumières artificielles.

Carte du ciel visible en mai 2024 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l'intérieur d'une bande s'étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l'étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Arcturus du Bouvier sera d'autant plus proche de l'horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l'étoile Polaire sera plus proche de l'horizon nord et Arcturus sera plus éloignée de l'horizon sud. Cliquez sur la carte pour l'afficher en grand et l'imprimer pour votre usage personnel. Cette carte montre le ciel visible en mai 2024 à l'orée de l'aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l'envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l'est serait bien à votre gauche et l'ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l'endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l'horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l'ensemble du Chariot de la Grande Ourse. Le Guide du Ciel 2024-2025 (amds édition, 352 pages + livret de 32 pages, 35 euros). La trentième édition de mon guide pratique annuel qui annonce tous les rendez-vous astronomiques visibles à l'œil nu et dans les instruments d'amateur sera disponible à la fin du mois : réservez-la dès à présent dans votre librairie habituelle. Un livret de 32 pages consacré à l'observation et à la photographie de la Voie lactée est offert avec cette nouvelle édition.  La Lune (Ellipses Éditions, 208 pages, 23 euros). Puisque je parle de la Lune dans ce billet, je vous invite à lire l'ouvrage que vient de lui consacrer Philippe Bœuf. Il répond avec précision et, souvent, humour à toutes les questions que vous pourriez vous poser sur le satellite naturel de la Terre.  Un jardin pour l'Univers. Historien des sciences, grand spécialiste de Jules Verne, observateur et photographe passionné, Olivier Sauzereau a écrit et réalisé un superbe film qui nous propose de faire un voyage plein de poésie du micro au macro cosmos, de son jardin jusqu'à près de 8 milliards d'années-lumière de la Terre, à la découverte d'une multitude d'êtres vivants et d'astres extraordinaires. Cliquez sur l'image pour le découvrir.

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