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Thaïlande, Bangladesh, Philippines… le "confinement climatique" s'installe - Novethic

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Le manque d'adaptation à la crise climatique a des conséquences sur les libertés humaines. Face à des températures extrêmes en Asie du Sud et en Amérique latine, plusieurs pays ont indiqué fermer leurs écoles et demandé aux habitants de rester chez eux. Un confinement climatique appelé à se généraliser.

Confinement climatique. C'est un concept qui n'existe pas encore mais qui pourrait bien s'imposer dans la plupart des pays touchés par des chaleurs extrêmes et non adaptés à la crise climatique. Face à la vague de chaleur qu'ils subissent, certains pays d'Asie du Sud et du Sud-Est ont ainsi décidé de se barricader. A Manille, capitale des Philippines, le mercure est monté à 38,8°C, et 45°C en température ressentie (indice de chaleur). Une situation telle que les cours en présentiel ont été suspendus.

"Au vu des dernières prévisions d'indices de chaleur […] et l'annonce d'une grève nationale dans les transports, toutes les écoles publiques du pays devront mettre en place des cours asynchrones/à distance les 29 et 30 avril 2024", a écrit sur les réseaux sociaux le ministère de l'Éducation. Plus de 47 000 établissements sont concernés par cette mesure. Au début du mois d'avril déjà, l'archipel avait décidé de fermer des milliers d'écoles en raison de la chaleur extrême.

ADVISORY

28 April 2024 - In view of the latest heat index forecast of the Philippine Atmospheric, Geophysical and Astronomical Services Administration (PAGASA) and the announcement of a nationwide transport strike, all public schools nationwide shall implement ASYNCHRONOUS… pic.twitter.com/Sncc7fvo3h

— DepEd (@DepEd_PH) April 28, 2024

"La pire vague de chaleur d'avril de l'histoire de l'Asie"

Les Philippines ne sont pas le seul pays touché par ces températures suffocantes. Le Bangladesh a également ordonné la fermeture des écoles dans tout le pays du lundi 29 avril au jeudi 2 mai, alors qu'il avait déjà fermé les écoles deux semaines auparavant. "Maintenir les écoles fermées est difficile car les enfants ne veulent pas étudier à la maison", a déclaré dimanche à l'AFP Fatema Tuz Zohor, mère de famille. "Mais comment peuvent-ils aller à l'école par cette chaleur ?", interroge-t-elle alors que le thermomètre affiche 42°C.

"Nous voyons ce que trois siècles de climatologie n'ont jamais vu", a alerté le climatologue Maximiliano Herrera sur Twitter, pointant des records de chaleur pulvérisés en Thaïlande, au Laos, au Vietnam ou encore en Inde. Il s'agit ainsi de "la pire vague de chaleur d'avril de l'histoire de l'Asie" alors que le 23 avril dernier l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a estimé que l'Asie était la région la plus touchée au monde par les catastrophes climatiques. "L'Asie se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale. La tendance au réchauffement a presque doublé depuis la période 1961-1990", écrit l'OMM.

Au-delà de la fermeture des écoles, plusieurs pays dont la Thaïlande ont aussi conseillé à la population de rester chez elle. Balades nocturnes dans les parcs, piscines bondées, centres commerciaux pris d'assaut… les habitants tentent de se réfugier dans des lieux de fraîcheur. Car chez eux, le thermomètre grimpe. "Nous avons besoin d'une climatisation gratuite pour réduire notre facture d'électricité", a ainsi témoigné auprès de l'AFP Gerise Reyes, habitante de Manille en route vers un centre commercial avec sa fille de deux ans.

Jour chômé et férié

L'électricité est d'ailleurs un des problèmes supplémentaires liés à cette vague de chaleur intensifiée par le phénomène El Niño. Selon des médias locaux, les ressources électriques sont mises à rude épreuve notamment à Luzon, île principale des Philippines. Du côté de la Thaïlande, la demande en électricité a atteint un record.

Ce n'est pas la première fois que des populations sont contraintes de limiter leur déplacement pour des raisons climatiques. En Colombie, le vendredi 19 avril, face à la sécheresse historique qui frappe le pays, le gouvernement a décrété un jour chômé dans le secteur public pour faire baisser la consommation d'eau et d'électricité. Le président colombien avait également demandé aux huit millions d'habitants de Bogota d'aller passer le week-end dans "des endroits qui dépendent d'autres bassins hydrographiques pour réduire la pression sur la consommation" d'eau dans la capitale, où un rationnement par zone est déjà en cours. Le pays voisin, l'Equateur, a dû prendre des mesures similaires.

En août dernier, le gouvernement iranien avait également instauré officiellement deux jours fériés en raison des températures extrêmes qui s'étaient abattues sur le pays, permettant ainsi aux plus vulnérables de se confiner. Officieusement, plusieurs experts pointaient une mise à l'arrêt du pays en raison d'une pénurie d'électricité liée aux vagues de chaleur mais aussi aux défaillances des infrastructures existantes. Sans réelle adaptation au changement climatique, de plus en plus de pays sont ainsi contraints de se confiner, mettant à mal leurs libertés de déplacement ou d'accès à l'éducation.

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