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Oliver Stone : « Nucléaire est un très joli mot »

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Dans son nouveau documentaire, le cinéaste américain défend le recours à l'énergie de l'atome pour répondre au défi climatique. Nuclear Now, un film à voir ce dimanche 5 mai à 21h sur Paris Première.

Un nouveau combat. Un nouveau film. Après avoir fouillé les thèses alter natives de l'assassinat de Kennedy dans JFK, l'enquête, avoir brossé le portrait de Fidel Castro ou de Hugo Chavez, Oliver Stone propose un documentaire en forme de plaidoyer en faveur de l'énergie nucléaire. Ni la tiédeur des distributeurs américains, qui n'ont pas voulu de son film, ni le refus de Netflix ne l'ont échaudé. La cause lui tient à cœur. Il s'est récemment rendu à Paris puis à Bruxelles, où il l'a montré au Parlement européen, afin de défendre Nuclear Now.

Le réalisateur de Platoon ne s'en cache pas, il l'a réalisé pour convaincre. Convaincre ses concitoyens et les pouvoirs publics américains que des années de militantisme vert les ont aveuglés. « Depuis le début, on nous a appris à craindre l'énergie nucléaire », regrette-t-il dans le film, de sa voix de stentor. Pour lui, l'atome souffre d'une mauvaise réputation née après le choc de Hiroshima et Nagasaki, consolidée par les films catastrophes jusqu'au récent Oppenheimer et par les prédictions de Greenpeace. Dans les années 1970, le combat contre la guerre du Vietnam se conjuguait souvent avec des campagnes antinucléaires. L'actrice Jane Fonda se tenait à la tête des manifestations. « Je l'apprécie, mais elle s'est lourdement trompée sur ce point », assure Oliver Stone lors de sa rencontre avec la presse hexagonale.

La force du modèle français

Sa prise de conscience à lui s'est faite progressivement. La lecture de A Bright Future, du professeur en relations internationales Joshua Goldstein, a servi de déclic. Il a décidé de l'adapter en un documentaire. Nuclear Now commence par relater l'aventure du nucléaire. Les travaux de Pierre et Marie Curie, le discours fondateur d'Eisenhower pour l'industrie de l'atome en 1953, la naissance des premiers réacteurs aux États-Unis… Oliver Stone rappelle la prouesse scientifique qu'a représentée le maniement de l'uranium. Il ne craint ni les images d'Épinal en illustration ni les envolées lyriques dans la narration.

« Je ne comprends pas que nucléaire soit encore un gros mot, je trouve que c'est un très joli mot », déclare-t-il face aux journalistes. Un mot magique même, pour l'avenir. Le réalisateur déroule son raisonnement : la planète se réchauffe, les consommations d'électricité explosent (elles seront deux à trois fois supérieures en 2050), et la transition énergétique ne pourra se faire seulement à l'aide d'éoliennes et de panneaux solaires. Encore moins en ouvrant ou conservant des centrales à charbon, comme le fait l'Allemagne, plus grand pollueur européen malgré ses milliards investis dans le développement durable.

Les Verts allemands rhabillés pour l'hiver

« Nous n'avons plus le temps d'avoir peur », déclare Stone, qui tour à tour vante la vitalité de l'industrie nucléaire russe, pointe du doigt le rôle des lobbys pétroliers américains, rhabille les Verts allemands pour l'hiver et toutes les autres saisons. Et met en avant la France qui, avec 75 % d'électricité produite par des centrales, constitue un modèle.

Les dangers, il les balaie de la main. L'atome civil, rappelle-t-il, n'a jamais tué. Les morts de Fukushima étaient liés au tsunami, pas à l'explosion de la centrale. En revanche, le charbon causerait le décès de 500 000 personnes par an. Quant aux déchets atomiques, les enfouir constitue un défi que l'on maîtrise sans mal, selon l'outsider de Hollywood, qui espère désormais voir des centrales nucléaires éclore autour du monde. Qui les financera ? Il ne s'attarde pas sur la question. Son riche combat montre parfois un certain idéalisme. Lorsqu'on le lui dit, le cinéaste réplique : « Bien sûr que c'est idéaliste. Mais nous n'avons d'autre choix que de l'être… »

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