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Les personnes âgées emprisonnées par le tabou autour des IST

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Après un mariage de plus de vingt ans qui s'est soldé par un divorce, Amy, une sexagénaire originaire du Texas, a eu quelques relations sérieuses et une poignée de partenaires sexuels. Depuis quelques mois, elle fréquente un homme qu'elle décrit comme son «sex friend» - ami avec lequel elle a des relations sexuelles. Entre eux, rien de sérieux. Une raison de plus la poussant à être vigilante lors de chaque rapport sexuel pour éviter de contracter une infection sexuellement transmissible (IST). «Avant d'avoir des relations intimes avec quelqu'un, je demande à voir les résultats négatifs de ses tests de dépistage. J'insiste aussi toujours pour utiliser un préservatif», confie Amy au New York Times.

Une prudence de mise, puisque les taux de contamination pour les IST ont récemment augmenté chez les personnes âgées. Pour la syphilis, la gonorrhée, et la chlamydia, le nombre de cas a doublé entre 2012 et 2022 chez les personnes âgées de plus de 55 ans, selon les données des Centres de contrôle et de prévention des maladies.

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«La société suppose à tort que les personnes âgées n'ont plus de relations sexuelles»

En cause, les recherches suggèrent qu'un grand nombre de personnes âgées ne seraient pas conscientes des risques qu'elles encourent en ayant un rapport sexuel non protégé. Joan Price, éducatrice sexuelle spécialisée dans la sexualité des personnes âgées, acquiesce : «J'entends souvent des personnes me dire: "Mais je n'ai pas besoin de me protéger, je ne peux plus tomber enceinte à mon âge!" ou "Les séniors ne peuvent pas contracter d'IST"». Plusieurs hommes lui auraient confié leurs réticences quant au préservatif, pensant à tort que le mettre empêcherait l'érection. Le sujet de la «capote» serait aussi tabou chez la gente féminine: certaines n'osent pas l'évoquer avec leurs partenaires masculins, craignant de passer pour des «femmes aux mœurs légères».

Pour Shannon Dowler, médecin généraliste en Caroline du Nord, cette hausse du nombre d'IST chez les personnes âgées n'a rien d'étonnant: «Les gens vivent tout simplement plus longtemps et continuent à avoir des relations sexuelles plus tard qu'avant». Elle explique: «Les hommes ont bénéficié de médicaments contre les troubles de l'érection et les femmes de thérapies hormonales qui les aident à maintenir une vie sexuelle plus agréable plus longtemps».

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Mariah Robertson, spécialiste en médecine gériatrique, identifie une autre cause au problème. Selon elle, les médecins qui voient des patients âgés pour des examens de routine omettent souvent de les conseiller sur leur vie sexuelle ou de leur proposer de se faire dépister pour les MST et IST. «La société actuelle suppose, à tort, que les personnes âgées n'ont plus du tout ou pas beaucoup de rapports sexuels!», s'exclame-t-elle avant d'ajouter: «Dans un monde idéal, il faudrait que tous les médecins généralistes interrogent leurs patients âgés sur leur activité sexuelle lors de leurs consultations de routine».

Hilary Reno, professeure à l'université de Washington et directrice d'une clinique de santé sexuelle, reçoit régulièrement des patients âgés qui viennent faire un test de dépistage des IST. D'un ton qui se veut rassurant, elle affirme: «Venir se faire dépister n'est pas un échec. Venir se faire dépister, c'est être proactif en matière de santé.»

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