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Les partisans de l'A69 instaurent un « climat de terreur »

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25 avril 2024 à 08h17 Mis à jour le 26 avril 2024 à 09h53

Durée de lecture : 4 minutes

Les menaces de la part d'élus ou d'associatifs pro-autoroute se multiplient contre les opposants à l'A69. Un « climat de terreur » que dénoncent les 44 organisations signataires de cette tribune.

Présentation par Reporterre :

Plus de quarante organisations, parmi lesquelles Greenpeace, Oxfam, Notre affaire à tous, Attac, Extinction Rebellion ou encore La Voie est libre, ont uni leur voix dans une tribune pour dénoncer les violences vécues par les opposants à l'A69. Et pour cause, menaces verbales et attaques physiques se multiplient dans le Tarn.

Depuis une cimenterie voisine, une quinzaine de personnes auraient ainsi mis le feu aux dortoirs et caillassé les couchages de la zad de la Crém'arbre en pleine nuit, fin mars. « On va vous rafler un par un », « je vais venir te violer dans ton arbre, salope », « vous ne dormirez plus, c'est la guerre », sont autant de propos que les militants écologistes assurent avoir entendu dans la bouche de leurs assaillants.

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Le maire de Saïx (Tarn), village où a été bâtie la zad de la Crem'arbre, a lui lancé un avertissement avant de potentielles « expéditions punitives » menées par « des gens exaspérés » par les occupations. « Je sens qu'il y a quelques chose de mauvais qui se prépare, je crains qu'il arrive un drame », a-t-il déclaré à France Bleu.

« Darmanin, qui ne veut pas de zad en France, doit faire détruire celles qui sont ici. Si les autorités n'interviennent pas, on fera nous-mêmes le nettoyage. » Le 19 avril, dans les colonnes du Figaro, c'est le président de l'association pro-autoroute VIA81 qui menaçait ouvertement les militants.

Les autrices et auteurs de cette tribune appellent à suspendre les travaux, avant qu'un drame ne se produise.

Texte de la tribune :

Nous partageons interrogations, inquiétude et indignation devant l'irresponsabilité de défenseurs ou acteurs de ce projet [l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres] ainsi que de personnes "en responsabilité", élues ou représentantes de l'État. Quand des élus ou associations se croient autorisés à déclarer publiquement que « l'appel au calme a atteint des limites », ils s'engagent à couvrir des débordements inadmissibles. Ils banalisent la violence sur des personnes qui habitent un territoire, défendent en conscience leurs milieux de vie, et aspirent à des mondes justes et apaisés où cesse la guerre au vivant sous toutes ses formes. Des dégradations matérielles ne sauraient justifier de telles postures guerrières.

Au-delà des violences policières et des atteintes aux droits humains fondamentaux, déjà dénoncées par le rapporteur de l'ONU, le harcèlement et les violences physiques et verbales à l'encontre des militant⋅es qui occupent des zones protégées pour les défendre, n'ont suscité, pendant des semaines, aucun appel au calme. Le climat de terreur, invoqué par les tenants de l'autoroute, est de leur fait. Il suffit de regarder de quel côté se trouve la force et son usage, public ou privé. Sur le terrain, nous distinguons les responsabilités des décideurs et de l'entreprise NGE-Atosca et la situation des salariés qui travaillent sur le chantier.

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Si ce projet est désormais entaché par les récentes révélations médiatiques montrant qu'il n'est en rien une décision concertée et démocratique mais le résultat d'un lobbying forcené du groupe Pierre Fabre, si, entre autres atteintes environnementales, un signalement pour des faits susceptibles d'être qualifiés de prise illégale d'intérêt, favoritisme, blanchiment et fraude fiscale a été déposé au Parquet national financier, ce n'est pas en perdant son sang-froid et en traitant les infatigables lanceuses et lanceurs d'alerte de voyous ou de criminels, qu'on répond et qu'on exerce dignement des responsabilités. C'est au contraire en demandant à la justice de faire valoir le droit, au plus vite.

Pour apaiser des tensions exacerbées dont nous redoutons une fatale issue, et en attente des décisions de justice, nous demandons aux autorités qui en détiennent le pouvoir de suspendre les travaux.

Les signataires par ordre alphabétique :

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