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Crédit photo, Tali Sharot 3 mai 2024 Si vous habitez près des voies ferrées et qu'elles passent tous les matins à la même heure, vous n'entendrez probablement même pas le bruit qui, pour d'autres oreilles non habituées, peut être dérangeant. Il en va de même si vous entrez, par exemple, dans un café : aussi agréable que soit l'arôme du café fraîchement moulu, plus vous y passerez de temps, plus ce parfum particulier s'estompera jusqu'à devenir imperceptible à votre odorat. Cette tendance de notre cerveau à ignorer les choses qui sont présentes en permanence ou qui changent progressivement est connue sous le nom d'habituation. "Il existe une raison évolutive et adaptative à cela, à savoir que nous devons conserver nos ressources", explique Tali Sharot, professeur de neurosciences cognitives à l'University College de Londres, à BBC Mundo. "Il est logique de réagir à quelque chose de nouveau que l'on voit, sent ou ressent pour la première fois, mais lorsque l'on s'aperçoit après un certain temps que l'on est toujours en vie et que tout va bien, il n'est pas nécessaire d'y répondre autant qu'avant. Il est préférable d'économiser ces ressources et de se préparer à la prochaine situation à laquelle nous serons confrontés", ajoute M. Sharot, coauteur du livre Look Again : The Power of Noticing What Was Always There.... (en français "Regarde à nouveau : le pouvoir de remarquer ce qui a toujours été là").Dépassement de soi
Ce mécanisme permet, d'une part, de nous motiver, d'aller de l'avant.
Sharot prend l'exemple d'une situation professionnelle.
"Pensez à votre premier emploi, au niveau débutant. Vous étiez probablement enthousiaste et heureux. Mais si vous étiez toujours aussi enthousiaste dix ans plus tard, vous ne seriez pas aussi motivé pour obtenir une promotion".
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Légende image, L'accoutumance nous permet de progresser, par exemple, dans le monde du travail.L'accoutumance - ou l'habituation - nous permet également de surmonter des situations difficiles telles que la perte d'un emploi ou d'un être cher.
"Il est bon que nous nous y habituions avec le temps, car cela nous permet de continuer à fonctionner", explique le neuroscientifique.
"Il serait très difficile de se sentir aussi en colère et triste qu'au début.
Mais, tout comme elle nous aide à aller de l'avant, cette tendance à l'accoutumance, à cesser de répondre à des situations qui deviennent stables, peut se retourner contre nous.
Nous nous y habituons tellement que, même si une situation ou un lien nous blesse, nous cessons de le considérer comme toxique parce que c'est devenu une habitude et que nous manquons de recul.
Cela se produit également dans les situations agréables : avec le temps, nous considérons ce qui nous arrive comme acquis, ce qui réduit l'intensité de l'émotion qu'il provoquait auparavant.
Cependant, souligne Sharot, il est possible de tromper son cerveau pour qu'il surmonte cette tendance naturelle à s'habituer aux choses et à les négliger.
L'astuce consiste simplement à faire une pause, à prendre de la distance par rapport à la situation afin de pouvoir la regarder plus tard avec un regard neuf.
L'idée est de faire en sorte que "les choses ressortent, qu'elles soient bonnes ou mauvaises", explique Sharot.
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Légende image, S'éloigner des médias sociaux et se connecter en face à face avec ses amis a un effet positif sur les gens.Pour ce faire, "vous avez deux options qui sont liées l'une à l'autre. La première consiste à faire des pauses, c'est-à-dire à se retirer d'une situation, même pour une courte période, qu'il s'agisse d'un week-end, de quelques jours ou d'une période plus longue, afin de se déshabituer dans une certaine mesure et d'être en mesure de mieux remarquer les choses autour de soi".
Dans son livre, Sharot prend l'exemple de notre lien avec les médias sociaux, dont nous sentons qu'ils ont un impact négatif sur nous.
"Les gens savent qu'ils leur causent du stress, mais ils ne savent pas exactement pourquoi et ils ne peuvent pas en mesurer l'ampleur et en être sûrs parce qu'ils sont toujours là", explique-t-il.
"Ce qui a été constaté, c'est que lorsque les gens font une pause - d'un mois par exemple - le stress diminue et les gens se sentent plus heureux.
"Si vous faites une pause dans votre vie quotidienne - que ce soit au travail, par exemple, en passant d'un service à l'autre ou en travaillant sur différents projets - lorsque vous revenez, vous pouvez voir les choses plus clairement, les bonnes comme les mauvaises", ajoute M. Sharot.
Prendre de la distance ou faire une pause lorsque nous sommes dans un bon moment peut sembler contre-intuitif, mais d'après la recherche, cela augmente le plaisir, explique la neuroscientifique.
Au cours de l'une de ses recherches, la scientifique a découvert, par exemple, que le moment le plus heureux pendant les vacances se situait à 43 heures.
C'est-à-dire une fois que les gens ont eu le temps de déballer leurs affaires et de s'installer. Puis, au fur et à mesure que les jours passent, le plaisir diminue.
"Ce n'est pas qu'ils n'étaient pas heureux le 7e ou le 8e jour, mais les moments les plus heureux sont survenus au bout de 43 heures et ont ensuite diminué".
Il en va de même lorsque les participants à l'étude sont interrogés sur les meilleurs moments de leurs vacances : le mot qui revient le plus souvent est "premier" : la première fois qu'ils ont vu l'océan, le premier cocktail, le premier château de sable qu'ils ont construit sur la plage, etc.
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Légende image, Rien n'apporte autant de bonheur que le premier plongeon dans la mer.C'est pourquoi, bien que nous ayons tendance à aspirer au contraire (en pensant qu'un long congé est la meilleure forme de repos, parce qu'il nous déconnecte complètement du travail), le fait de prendre une série de courts congés a donné de meilleurs résultats.
Cela s'explique par le fait que les vacances génèrent également des attentes.
Lorsque Sharot a mesuré le bonheur avant le voyage, il a constaté que le jour précédent était le plus heureux, "parce que vous imaginez ce que les vacances vont être. Et quand elles arrivent, c'est bien, mais pas aussi bien que dans votre imagination".
En résumé, l'astuce est simple : elle consiste à s'éloigner des situations auxquelles on s'est habitué, à briser la routine et à introduire des changements.
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