< Back to 68k.news FR front page

TÉMOIGNAGE. Ses plantations détruites par le gel, un agriculteur demande de l'aide à ses clients pour replanter 10 000 melons

Original source (on modern site) | Article images: [1]

Publié le 25/04/2024 à 06h00 Écrit par Sidonie Canetto

Conséquence directe de la baisse des températures, un agriculteur des Alpes-de-Haute-Provence a perdu 95% de sa plantation de melons à cause des dernières gelées. Il lance ce mercredi un appel à la solidarité auprès de ses clients pour qu'ils viennent lui prêter mains fortes pour replanter 10 000 plants de melons ce samedi 27 avril.

Elie Richaud est agriculteur avec son père dans une petite exploitation de Saint-Michel-l'Observatoire, à plus de 400 mètres d'altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence. La semaine dernière, il a planté 10 000 pieds de melons pour sa récolte de juin juillet, mais les températures en dessous de zéro de ce week-end ont gelé 95% de ses plants. Il lance un appel à la solidarité pour l'aider à replanter ses melons.

Dans le calendrier de l'agriculteur, il y a des dates à ne pas manquer. Et si Elie Richaud et son père veulent pouvoir récolter leurs melons cet été, il faut qu'ils soient plantés maintenant. Début avril, il avait planté 6 000 pieds de melons, et la semaine dernière, il a procédé à la suite de la plantation avec la mise en terre de 10 000 pieds supplémentaires.

Seulement voilà, les plants de vendredi dernier ont gelé dans la nuit de samedi à dimanche, les températures sont descendues en dessous de zéro. "On a eu moins trois degrés dimanche matin et surtout, c'est le vent qui les a affaiblis en journée, parce qu'on a eu beaucoup, beaucoup de vent quand on a planté et quand on a couvert", raconte Élie Richaud.

Les petits plants de melon n'ont pas supporté le gel. • © Elie Richaud

C'est 100% de cette plantation qui est perdue, les plants de la semaine précédente ont souffert, mais tous n'ont pas gelé, c'est pourquoi, l'agriculteur pense avoir perdu 95% de sa future récolte.

Et ne parlez pas des saints de glace à Elie Richaud, "c'est pour les jardiniers, les particuliers, pas pour nous. Comment voulez-vous que l'on attende mi-mai pour commencer les plantations ? Si je plante des melons au mois de mai, je les récolte fin juillet ou début août, les consommateurs veulent des melons début juillet", précise l'agriculteur.

Une fois mis en terre de façon mécanique avec des engins agricoles, les plants de melons sont ensuite recouverts de bâches plastiques pour les protéger. "C'est comme une petite serre qu'on va venir mettre sur les plants que l'on pose par-dessus. Justement pour les protéger du vent et du froid", détaille l'agriculteur." C'est pour ça que les premiers plants ont partiellement gelé, mais ont survécu parce qu'ils étaient déjà implantés et protégés". Ce qui n'était pas le cas des seconds.

"Les serres sont efficaces quand les températures baissent un peu, ou que les températures ne restent pas longtemps dans le négatif, mais là toute la nuit à moins deux, moins trois degrés, cela n'a pas été suffisant".

Plus de 10 000 plants de melon ont gelé, soit 95% de la production d'Elie Richaud. • © Elie Richaud

Avec son père et leurs deux ouvriers agricoles, ils vont devoir arracher ces 10 000 pieds de melons et en replanter 10 000 autres.

L'exploitation d'Elie Richaud est "appuyée contre le Luberon, on est un peu en hauteur et surtout en fond de vallée. On a la montagne de Lure de l'autre côté, ce qui fait qu'on a tout l'air froid qui vient se stocker chez nous. C'est pour ça qu'on a souvent les températures les plus froides du coin".

L'agriculteur et son père cultivent d'autres fruits et légumes. "Le problème, c'est qu'on a d'autres cultures qu'il faut préparer, qu'on doit planter, qu'on a repoussé". En ce moment, "on a aussi des fraises, les courges à planter, les pastèques, les courgettes, les tomates, etc", détaille Elie Richaud.

La plantation de melons représente neuf hectares sur l'exploitation d'Elie Richaud et son père. • © Elie Richaud

Avec les pluies du mois de mars, les travaux dans les champs détrempés n'ont pas pu avancer. Les tâches se sont accumulées et le temps perdu ne se rattrape pas. Les gelées de cette semaine ont repoussé aussi les plantations à ce samedi. "Lors de la plantation mécanique, cela avait pris une journée entière à quatre", précise Elie Richaud. Mais à présent que les bâches ont été posées, une nouvelle manoeuvre s'impose.

Il va falloir arracher et replanter avec la présence des serres, donc de façon manuelle, et cela va prendre trois jours pour quatre personnes.

Elie Richaud, producteur de melons

à France 3 Provence-Alpes

"On fait tout au mois d'avril, mais au mois d'avril, normalement, on ne fait que planter et là on laboure aussi, donc voilà trois semaines qu'on travaille beaucoup et par conséquent le temps nous manque".

Sur les neuf hectares où se trouve la production de melons, "il y a 59 rangées de plants, donc si on a une cinquantaine de bénévoles pour nous aider, cela va prendre seulement deux heures en tout, et pour nous ce gain de temps est considérable", précise Elie Richaud. C'est pour cela qu' Elie Richaud a lancé un appel auprès de ses clients qu'il côtoie en circuit-court, et aussi aux personnes du département qui auraient envie de venir aider. "Le message qu'on veut faire passer, c'est que samedi matin, on va remplacer ces melons, qu'on a besoin de volontaires. Il y a juste à mettre un plant de melons dans de la terre, ce n'est pas compliqué", précise l'agriculteur.

Plus on est nombreux, plus ça ira vite, et plus ça nous soulagera, nous en tant qu'exploitant, parce qu'on a beaucoup de travail.

Elie Richaud, producteur de melons

à France 3 Provence-Alpes

Le melon des basses Alpes arrive plus tardivement que celui de Cavaillon dans le Vaucluse par exemple, "nous sommes complémentaires et cela permet aux consommateurs d'avoir une période de melons plus étendue", précise Elie Richaud. L'agriculteur vend ses produits dans tout le département des Alpes-de-Haute-Provence, mais aussi à Gap et à Aix-en-Provence. S'il n'a pas assez de bras pour samedi venant du département, il n'exclut pas de faire appel aux bonnes volontés aussi là où se trouve sa clientèle. 

Depuis son appel ce mercredi matin, il a reçu plus d'une dizaine d'inscriptions pour venir l'aider.

Et l'agriculteur le promet, les bénévoles seront chouchoutés : "sur place, nous proposerons de quoi grignoter et boire pour vous remercier et vous donner des forces ! Et vous repartirez avec des fraises" 

< Back to 68k.news FR front page